NUIT DE NOËL

(Is 9, 1-6;Ps (95 (96), 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a, 13bc; Tt 2, 11-14; Lc 2, 1-14)

Frères et sœurs,

Nous voici à Noël ! Aujourd’hui, chaque famille ressent ardemment le désir de se rassembler au complet, pour gouter l’atmosphère unique et irremplaçable  que cette fête  est capable de créer. Dans ce climat particulier qui est le nôtre cette année, je vous adresse mon salut cordial empli de reconnaissance pour tout ce que nous avons vécu ensemble depuis le premier confinement jusqu’à ce soir et pour la rencontre vraie devant le Seigneur Notre Dieu. Il me plait frères et sœurs, que cette rencontre est le prolongement de cette joie mystérieuse, de cette exultation profonde qui emplit la Sainte Famille, les anges et les pasteurs de Bethléem en cette nuit de la naissance de Jésus. Je la définirais comme « l’atmosphère de grâce » en pensant à l’expression de l’apôtre Paul à son jeune frère Tite (Cf. Tt2, 11). L’apôtre affirme que la grâce de Dieu s’est manifesté « à tous les hommes ». Que cette grâce vous habite et féconde toutes vos entreprises. Bonne fête de Noël à chacune et chacun !

Frères et sœurs, en cette nuit très sainte, le Seigneur nous « a prodigué la joie » (Is9, 1) nous dit le prophète Isaïe malgré que nos repères se soient effondrés. L’Enfant de Bethléem n’est pas né dans le bonheur, nous qui le cherchons par tous les moyens aujourd’hui pour notre vie.

Le bonheur : la bonne heure ! Le bonheur est l’accomplissement de notre désir. C’est rencontrer la carte postale qu’on porte en soi. On dit : « c’est l’homme de mes rêves », « C’est la soirée que j’avais rêvé » ce n’est donc pas la surprise… C’est aboutir à quelque chose que j’ai créé et avoir le sentiment que c’est mon heure parce que la vie me donne exactement ce que je veux, ce dont j’ai rêvé.  C’est un état délirant du pouvoir sur la vie. Cela nous oblige à chercher des choses qui ne parlent que de nous.  La joie est à l’inverse.

La joie de Noël est de savoir que  la vie danse avec nous. C’est également, prendre conscience que nous sommes inclus dans la célébration de chaque instant de notre vie, bonne ou moins reluisante comme Marie, Joseph et leur nouveau-né de ce soir.

Cela laisse à penser qu’à certaines occasions, la vie ne nous donne pas ce que nous voulons mais gardons confiance que  ce qu’elle apporte est faite pour nous. Dans les temps qui viennent, ceux et celles qui sont dans l’aptitude de la joie pourront continuer à pétiller avec le monde de demain alors que ceux et celles qui sont en quête du bonheur absolu risquent d’être malheureux.

La joie nous permet de célébrer l’inconnu, la surprise, ce que nous n’avons pas imaginé. Plus notre cerveau est souple, plus notre vie rencontre la joie. Plus notre cerveau est contrôlé, plus il  cherche le bonheur. Le bonheur, comme on le dit : « si tu veux, c’est ta volonté » et cela est très compliqué à obtenir parce qu’il est limité à notre cerveau, à notre désir. Alors aujourd’hui, retenons : Patience, Confiance en la vie et en ses cycles !

Frères et sœurs, chaque année à la célébration de la fête de Noël, la pauvreté de l’Enfant Jésus attire l’attention de bon nombre d’entre nous : « vous trouverez le nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ». Au moment où l’actualité nous parle de la guerre des grands riches contre les pauvres, regardons en nous, où est le pauvre.

Nous avons fait passer le Mendiant pour le pauvre. Il est soumis. On le laisse. On est puissant devant lui. Le pauvre, celui à qui on fait une place à notre table,  retrouve sa dignité. Il rentre dans la maison, il se sent accueilli avec une part. Il sent qu’il a une petite possession qui est à lui. Il n’est pas rien comme le Mendiant. Quand on a mis le mot pauvre, on a créé de la dignité et la place à chacun dans chaque foyer. Quand la porte est ouverte, le pauvre dit à chacun de nous à un moment donné, si tu es dans une impasse, quand la cloche de l’église a sonné midi, tu es attendu, tu peux rentrer dans un foyer.

 Chacun d’entre nous, devons penser à ce qui peut arriver un jour. Le jour où on ferme la porte au pauvre, comme à Marie et à Joseph qui attendent la venue au monde de leur enfant, la vie devient beaucoup plus difficile.

Quand est-ce que le pauvre est devenu fainéant, perdant, celui qui n’a pas réussi à l’école ? Quand est- il devenu une charge, un tricheur avec des allocations familiales à profiter du système, un immigré, celui qui est au-dessous de nous et qui fait que  nous sommes riche.

Voyons la route du pauvre aujourd’hui, c’est la route qui nous divise. Regardons au fond de nous, de chacune et chacun,  combien ce pauvre crée une angoisse. Nous avons peur qu’on nous prenne le peu que nous avons. Alors bien entendu, plus nous montons, plus y a de pauvres. A tous les niveaux, la peur du pauvre est là. Dès l’école, on dit au premier de classe « toi tu mangeras, tu seras riche » et le pauvre celui qui est le dernier, on lui dit : « toi, tu resteras dans la rue ».

Aujourd’hui, nous vivons une crise. On peut savoir que dans toutes les familles, il peut y avoir des gens qui auront besoin. Récréons leur une place, celle du  pauvre sans rien demander en disant: «  tiens, il y a ta place tu peux venir, on sait que ça va passer, c’est juste un coup de main ». Aujourd’hui s’il est le pauvre, demain peut-être ce sera l’un de nous ! Tendons- leur la main, faisons leur une place.

 Si nous rendons la dignité à l’Enfant Jésus, le Pauvre, en le célébrant en ce jour, rendons également  la dignité à chacune et à chacun. C’est mon souhait pour notre communauté paroissiale.

Amen !

Pierre SONTE, prêtre.

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